Texte original de Squelch Sasquatch sur Bodywork.
Bien sûr, on peut apprécier un beau tatouage sans trop savoir à quel style il appartient. Pourtant, pour orienter ses recherches, pour expliquer un projet, il est parfois utile de pouvoir se repérer parmi les mondes visuels très différents qui constituent l’univers du tatouage.
Ce guide n’a pas la prétention d’être exhaustif : il y aurait bien trop à dire ! Il se contente de présenter dans les grandes lignes, et en les illustrant, quelques styles parmi les plus souvent encrés.
Tribal
Comme son nom l’indique, le tatouage tribal est celui pratiqué de façon traditionnelle, et souvent rituelle, par les tribus indigènes à travers le monde. Il faudrait donc parler de tatouages tribaux, au pluriel, car de nombreuses cultures et sociétés l’utilisent ou l’ont utilisé, chacune possédant des caractéristiques qui lui sont propres. Pour prendre un exemple célèbre, le Polynésien recouvre en réalité une multitude de tatouages, du Marquisien au Samoan en passant par le Maori et d’autres moins connus.
Généralement, ces différents styles ont en commun d’être originellement réalisés à la main. L’utilisation de tracés et d’aplats noirs, formant des motifs à dominante géométrique (lignes, triangles, spirales, chevrons…) et jouant sur la répétition de ceux-ci, sont également caractéristiques de ces tatouages.
Notons qu’aujourd’hui, on appelle couramment « tatouage tribal » des tatouages essentiellement ornementaux qui sont inspirés très librement des tatouages traditionnels. Les motifs, abstraits ou non, sont composés de tracés épais et noirs, tout en pointes et courbes. On pourrait qualifier ce style moderne de Neo-tribal.
Par Su’a Loli Keli et BorneoHeadhunter.
Inspiration japonaise
Le tatouage traditionnel japonais, ou irezumi, possède une riche histoire qui remonte à plus de 300 ans. A l’origine piqué à la main et très codifié, il a petit à petit donné jour à un style d’inspiration japonaise moins rigide et plus moderne.
Les motifs sont inspirés par la culture nippone : créatures mythologiques, animaux, fleurs mais aussi personnages de la littérature et du folklore populaire.
Le style japonais se caractérise notamment par des tracés nets et des dégradés d’une très grande finesse. Les tatouages paraissent souvent très remplis grâce à l’utilisation d’arrière-plans caractéristiques comme les vagues ou les nuages. Traditionnellement, le style intègre quelques couleurs, mais ses évolutions modernes peuvent être très colorées ou au contraire se limiter au noir et gris.
Par Fabio Gargiulo et Horitoshi 1st.
Old School
Le Old School est un style hérité de la tradition américaine du tatouage qui s’est développée au début du XXe siècle.
Il est caractérisé par l’utilisation de tracés épais et d’une palette limitée de couleurs vives. Rouge, bleu, vert, jaune ou brun, pour l’essentiel, elles sont plutôt appliquées uniformément, avec peu de dégradés. Il n’y a pas ou peu d’ombrages.
Les motifs sont traités simplement, sans débauche de détails, ce qui les rend faciles à saisir. Très souvent, ils sont associés à un symbolisme précis.
Par Briko et myke Chambers.
New School
Le style New School, apparu dans les années 90 et influencé par les graffeurs américains et l’esprit « comics », est une évolution du Old School. Il se distingue par l’usage de tracés épais et une palette de couleurs étendue, intégrant des dégradés et des ombrages pour plus de relief, tout en gardant une simplicité dans le traitement des motifs.
Par Victor Chil et Raphaël Tiraf.
Cartoon
Considéré comme une branche du New School, le style Cartoon est fortement influencé par la culture populaire, avec des couleurs éclatantes, des lignes arrondies, et des motifs souvent excentriques, jouant sur la caricature.
Par Jason Stephan et Olivier Julliand.
Neo-traditionnel
Le Neo-traditionnel marque un retour aux sources du Old School, enrichi des techniques modernes de tatouage. Il utilise une palette de couleurs nuancées et des tracés fluides, permettant des motifs plus détaillés, dans un esprit à la fois fidèle et modernisé du Old School.
Par Cesar Mesquita et Emily Rose Murray.
Chicano
Né dans les communautés mexicaines-américaines des années 40, le tatouage Chicano mélange art urbain, iconographie religieuse, et héritage culturel mexicain et précolombien. Il se caractérise par des tracés vifs et des ombrages en noir et gris, avec une culture du lettrage élaborée.
Par Macko et Boog.
RĂ©aliste
Le style réaliste consiste à reproduire une image fidèle de sujets existants : portraits, animaux, paysages,… Il peut être à la fois en noir et gris ou en couleurs.
Il se caractérise par des traits fins ou par l’absence de tracé, de nombreux dégradés et ombrages ainsi que l’utilisation d’une palette très étendue de couleurs lorsque le sujet n’est pas traité en noir et gris. On peut identifier un bon tatouage réaliste à la justesse des proportions, la hiérarchisation des tonalités ainsi qu’à la minutie apportée aux détails.
Par Fabien Belveze et Den Yakovlev.
Hyper-réaliste
Le tatouage hyper-réaliste intègre et capitalise les caractéristiques de la photographie telles que la profondeur de champ et la perspective, présentant le motif comme un objet vivant et tangible (portraits, animaux, nature…). Comme le tatouage réaliste, il peut être en noir et gris ou en couleurs, mais il utilise une palette de nuances plus large, tant en termes de teintes (couleurs ou noir et gris) que d’ombres et lumières, en faisant ainsi ressortir de manière plus marquée les volumes et les textures.
Par Matt Jordan et Nikko Hurtado.
Dark / Gore
Voués à inspirer la peur ou le malaise, les styles Dark et Gore empruntent à l’imagerie du fantastique et de l’horreur pour leurs motifs.
Ceux-ci sont traités majoritairement grâce à des techniques réalistes, en noir et gris comme en couleur. Les effets de trompe-l’oeil sont fréquents et le travail des textures est souvent particulièrement soigné.
Par Paul Booth et Joshua Carlton.
Biomécanique
Inspiré par l’univers de la science-fiction, le biomécanique propose des motifs qui lient des composants mécaniques au corps humain, souvent selon une technique de trompe-l’oeil.
En terme de traitement, il offre les mêmes possibilités que le bio organique.
Par David KlvaÄŤ et Markus Lenhard.
Bio-organique
Apparenté au style biomécanique dont il partage les codes, le bio organique intègre au corps des éléments organiques qui semblent venus tout droit d’autres planètes.
Les organes et appendices imaginaires peuvent être traités en couleurs ou en noir et gris, selon une esthétique qui fait la part belle aux reliefs, aux courbes et aux pointes. Le traitement de l’ensemble peut s’apparenter aussi bien au réalisme qu’au new school.
Par Eric de l’étoile et Ty McEwen.
Graphique
Depuis une vingtaine d’années, un nouveau style de tatouage s’est développé le style « Graphique ». Parmi les précurseurs du genre, on retrouve Yann Black. Il s’est créé un univers singulier (lignes épaisses cartographiant le corps, dessin naïf, aplat,…) en s’éloignant des codes traditionnels du tatouage.
Comme son nom l’indique, le style graphique utilise les « Arts graphiques » et s’inspire de différents mouvements artistiques : pop-art, cubisme, expressionnisme, abstractionnisme, primitivisme et divers courants d’arts modernes. Il peut être en noir et gris ou en couleurs. Parmi les caractéristiques fréquentes de ce style, on peut trouver des aplats, des lignes déstructurées ou courbes, des effets crayonnés, l’utilisation de formes géométriques ainsi que l’intégration de typographie et d’éléments réalistes.
Par Yann Black et Xoil.
Aquarelle
Le style aquarelle qui s’apparente au style graphique, peut être considéré par son essor depuis quelques années comme un style à part entière.
Il utilise les techniques d’aquarelle sur papier et reproduit des sujets existants ou abstraits. Le style aquarelle se caractérise donc par l’utilisation d’une gamme étendue de couleurs et par des effets de transparence. Il peut être entièrement en couleurs et sans tracé.
Par Ondrash et Klaim – Street Tattoo.
Dotwork
Le Dotwork, parfois appelé dotart ou art du point, emprunte à la fois à certaines formes de tatouages traditionnelles à la main, à la veine graphique du tatouage actuel et à la peinture pointilliste.
Ce style consiste à juxtaposer des points afin de créer des motifs, en jouant sur leur espacement et leur densité pour créer nuances, dégradés et volumes. Quelques tracés ou aplats peuvent cependant être intégrés au tatouage.
Souvent travaillé en noir et gris, il peut cependant être réalisé en couleur, tout ou partie. Le dotwork permet de traiter tout type de sujet, même si l’on note chez certains tatoueurs une prédominance des motifs géométriques.
Par Dillon Forte et Nazareno Turbaro.
Gravure
A l’origine, le terme “gravure” renvoie à un éventail de techniques de reproduction des dessins, utilisant toutes un support gravé que l’on encre, à la manière d’un tampon, afin de transférer le motif sur un autre support. En matière de tatouage, il s’agit donc de reproduire, sur la peau, un résultat comparable à celui obtenu, sur papier, grâce à une technique de gravure.
Ainsi, le style se caractérise essentiellement par l’utilisation du noir seul, sans nuance de gris, les variations d’intensité et dégradés étant obtenus par des techniques de hachures et de pointillisme.
Par Otto.
